Trois questions pour comprendre ce qui se passe sur le marché des changes

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Pourquoi l’EUR/USD a augmenté la semaine dernière ?

L’euro s’est substantiellement renforcé la semaine passée face aux valeurs refuges, essentiellement le dollar américain et le yen japonais. Cette appréciation fait suite à plusieurs semaines de repli et n’a pas effacé totalement les pertes accumulées depuis le début de l’année puisque la monnaie unique est toujours en baisse de près de 1,8% face au dollar américain depuis janvier.

Le mouvement de hausse observé la semaine dernière traduit une diminution de l’aversion au risque en lien avec les efforts cumulés par les banques centrales au niveau mondial pour juguler la crise. Les montants de liquidité qui ont été injectés par la Réserve fédérale américaine, la Banque du Japon, la Banque centrale européenne, la Banque d’Angleterre et onze autres banques centrales ont permis d’endiguer, au moins temporairement, la panique. Jusqu’à présent, le flux de mauvaises statistiques, qui a vocation à perdurer plusieurs mois, ne semble pas avoir d’effet négatif sur l’évolution de l’euro. Preuve en est, c’est jeudi dernier, lorsque le chiffre désastreux des revendications hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis a été publié (à plus de 3 millions en l’espace d’une semaine !) que l’euro a enregistré sa meilleure séance de la semaine face au dollar américain.

Pour le moment, l’euro est immunisé contre les mauvaises statistiques mais rien ne permet de dire que cela va durer. Les différentes prévisions établies au cours des quinze derniers jours soulignent que le choc économique va être massif en Europe, avec un effondrement du secteur des services et une hausse du chômage, et que la reprise sera très graduelle.

À quoi faut-il s’attendre cette semaine ?

Les banques centrales devraient être en retrait cette semaine après avoir utilisé une grande partie de leur arsenal. La Banque du Canada a été la dernière grande banque centrale à annoncer un programme de rachat de dette souveraine vendredi dernier à hauteur de cinq milliards CAD par semaine jusqu’à ce que l’économie se rétablisse. Ce programme porte sur toutes les maturités de la dette souveraine du Canada.

Par ailleurs, le Japon doit finaliser son programme de stimulus fiscal dans la perspective des discussions budgétaires au Parlement qui commenceront cette semaine. D’après différentes sources, ce programme va intégrer un vaste panel de mesures, incluant notamment une distribution directe d’argent aux ménages (forme d’hélicoptère budgétaire) et des aides aux entreprises, pour un montant qui pourrait être d’environ 30 000 milliards de yens (soit le double du paquet budgétaire enclenché pour faire face à la crise financière de 2007-08).

En Europe, les discussions vont se poursuivre au niveau des ministres des Finances (au sein de l’Eurogroupe) afin de parvenir à trouver un consensus pour enclencher une réponse budgétaire coordonnée. Comme en 2012, à l’époque de la crise souveraine européenne, les pays du Nord de l’Europe (Allemagne, Pays-Bas, Finlande et Autriche) s’opposent à ceux du Sud (France, Italie et Espagne) sur la nécessité de nouvelles mesures de soutien. Les discussions vont au moins perdurer pendant quinze jours donc il n’y a rien à attendre cette semaine au niveau européen.

L’indicateur le plus important à surveiller dans les jours à venir concernera le rapport sur l’emploi américain (aussi appelé NFP, pour non-farm payroll) qui sera publié ce vendredi à 13h30, heure de Paris. En se basant sur les données préliminaires par Etats, les destructions nettes d’emplois en mars du fait du COVID-19 et des mesures de confinement pourraient atteindre entre 5 millions et 7 millions, ce qui aurait pour effet de porter le taux de chômage proche de 8%-9% alors qu’il s’établissait en février à 3,5%. Une hausse si fulgurante sur un laps de temps aussi court est évidemment inédite en période paix. Le marché des changes a déjà « pricé » cette mauvaise nouvelle puisque le secrétaire au Trésor a prévenu que le taux de chômage au deuxième trimestre pourrait atteindre 20%. L’euro pourrait donc continuer de résister face au dollar américain mais il faudra s’attendre, a minima, à beaucoup de volatilité.

Quels sont les niveaux techniques à surveiller sur l’EUR/USD ?

Depuis quinze jours, la monnaie unique a expérimenté une volatilité qu’elle n’avait pas connue depuis plusieurs années. Le range de fluctuations de la paire EUR/USD depuis le 16 mars est de l’ordre de 400 points, ce qui est inhabituel en période normale. La volatilité reste en revanche plus réduite sur les autres paires en euro, comme l’EUR/CHF ou l’EUR/GBP. La monnaie unique a entamé une remontée la semaine dernière qui lui a permis de franchir la zone des 1,09 sous l’effet d’une aversion au risque en repli.

Toutefois, le biais baissier sur la paire reste intact. Elle continue d’évoluer sous sa moyenne mobile à 200 jours et, comme nous l’avons indiqué plus haut, il n’est pas certain que l’euro puisse résister longtemps à l’accumulation de mauvaises statistiques. Un retour vers les 1,08 nous parait probable dans les semaines à venir.

Cet article ne constitue en aucun cas un conseil en matière d’investissement.

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