EURJPY : en marche vers ses points bas de 2016

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L’adage « Sell in May and go away » est une mise en garde bien connue des opérateurs de marché. Le mois de mai est souvent favorable à un retour de l’aversion au risque. Sur le marché des changes, ce dicton semble se vérifier cette année à en juger par l’appréciation du yen face à l’euro. Au cours de la semaine dernière, la paire EURJPY a atteint un point bas de quatre ans, à 114,33. Sur un mois, la paire a reculé de près de 2,3 % et depuis le mois de janvier de plus de 5,3 %. On atteint même une baisse de plus de 6 % en un an.

Un contexte économique extrêmement défavorable

Ce repli s’explique essentiellement par le contexte économique extrêmement défavorable du fait de la crise du coronavirus. En l’espace d’une semaine, nous avons eu une accumulation sans précédent de mauvaises nouvelles. La part de la population employée aux États-Unis a chuté à un point bas de 51,3 %. Dit plus simplement, seulement la moitié de la population américaine a un emploi… la moitié ! En France, la dégradation du marché du travail est tout aussi perceptible. Selon l’INSEE, l’économie française a détruit pas moins de 453 800 emplois au premier trimestre – du jamais vu – soit autant en trois mois que sur les cinq premiers trimestres de la crise financière de 2008. Et ce n’est qu’un début ! Maintenant que le déconfinement est amorcé dans les principales économiques mondiales, le risque est élevé d’assister à un fort bond des faillites d’entreprises et à une atonie de la consommation. Aux États-Unis, près de 50 % des entreprises considèrent qu’elles pourraient faire faillite dans les six prochains mois. En toile de fond, c’est bien une explosion inédite du chômage qui attend les principaux pays, y compris ceux comme la France qui ont des coussins de sécurité plus importants en période de crise (les fameux « stabilisateurs automatiques »).

Guerre commerciale sino-américaine

Ajoutons à cela le retour de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine au cours des derniers jours qui a aussi été un facteur d’appréciation du yen face à l’euro. L’administration américaine a clairement menacé de faire payer la Chine pour la crise du coronavirus en utilisant l’arme des droits de douane. Certains officiels américains sont même allés jusqu’à évoquer l’hypothèse que le virus se soit échappé d’un laboratoire dans le Wuhan (épicentre de la pandémie en Chine), reprenant ainsi à leur compte des thèses complotistes qui circulent sur les réseaux sociaux depuis quelques semaines. La crainte principale est d’avoir une crise géopolitique qui vienne s’ajouter à la crise économique et sanitaire et retarderait immanquablement la perspective d’une reprise de l’activité. Étant donné l’approche de la présidentielle américaine, une escalade des tensions entre les deux puissances mondiales parait inévitable, ce qui va inciter les opérateurs de marché à se replier sur les valeurs refuges, dont le yen japonais. Rappelons que sur les années 2018-19 le yen a été le parfait baromètre de l’évolution des négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine. À chaque regain de tension, le yen japonais s’appréciait face à ses principales contreparties, notamment l’euro.

Un yen sous-évalué de 16 %

La conjonction du risque politique et du risque économique devrait conduire à ce que le yen japonais renoue avec ses points bas de 2016 à moyen terme. Nous réaffirmons notre objectif initial à 113 pour l’EURJPY. Cet objectif est confirmé par l’analyse technique puisque l’EURJPY évolue toujours sous ses moyennes mobiles à 100 jours et à 200 jours. En outre, l’appréciation du yen ne devrait pas être freinée par les autorités nippones puisque la monnaie n’a pas encore atteint un niveau critique qui serait négatif pour l’économie de l’archipel. En se basant sur le taux de change réel effectif, qui permet de juger de la survalorisation ou de la sous-évaluation d’une monnaie par rapport à une autre, le yen est sous-évalué de 16 % face à la monnaie unique européenne. Par conséquent, une intervention sur les changes par la Banque du Japon, comme le fait la Banque nationale suisse avec le franc suisse, parait exclue pour le moment.

Calendrier économique : 
DATE DEVISE ÉVÉNEMENT
13 mai GBP

PIB britannique au premier trimestre

15 mai EUR

PIB allemand au premier trimestre

15 mai USD

Ventes au détail aux États-Unis en mars

 

 

 

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