L’euro a presque fait un carton plein face à ses principales contreparties la semaine passée. Seule exception, la paire EUR/GBP qui est entrée dans une phase de consolidation et qui a baissé de 1,36 %. L’EUR/USD a franchi le seuil des 1,18 et a même tenté une échappée au-dessus des 1,19. En variation hebdomadaire, la paire la plus échangée du marché des changes affiche une performance de 1,30 %.
Tout porte à croire que le mouvement de hausse alimenté par la gestion différente de la pandémie entre les deux bords de l’Atlantique et les perspectives économiques plus encourageantes en zone euro qu’aux États-Unis vont continuer de soutenir la monnaie unique. Nous en parlions déjà dans notre billet de la semaine dernière. L’analyse technique corrobore également ce scénario. Un franchissement de la résistance située à 1,1885 pourrait ouvrir la porte au ralliement de la zone des 1,20. On notera aussi la forte hausse face au dollar canadien (1,56 %) et face au yen japonais (0,72 %).
Le deuxième trimestre a été un cataclysme économique
Les chiffres du PIB au deuxième trimestre en zone euro et aux États-Unis ont ponctué l’actualité du marché des changes mais sans réellement impacter le cours des principales devises. Tout le monde avait conscience que les statistiques seraient apocalyptiques et elles l’ont été. Aux États-Unis, le PIB s’est effondré de 9,5 % par rapport au trimestre précédent, soit la chute la plus prononcée depuis 1947 (depuis que les États-Unis publient le chiffre du PIB trimestriel). Toutes les composantes de la croissance étaient dans le rouge, à l’exception des dépenses publiques qui ont permis de limiter la casse. Du côté européen, les chiffres sont tous aussi mauvais : -18,5 % au deuxième trimestre pour l’Espagne, -13,8 % pour la France, -12,4 % pour l’Italie et -10,1 % pour l’Allemagne.
Une nouvelle fois, on observe une fragmentation économique de la zone euro à l’œuvre, avec les pays du Nord s’en sortant mieux que les pays du Sud. Néanmoins, à ce stade, cette fragmentation ne semble pas être un sujet d’inquiétude pour les opérateurs du marché des changes. En ce qui concerne la France, la surprise fut l’effondrement de l’investissement public, concomitant de la chute de l’investissement privé, de la consommation et des exportations. Si le déconfinement avait eu lieu plus tard, la baisse de l’activité en France aurait certainement été proche de celle de l’Espagne.
L’emploi américain en ligne de mire
Cette semaine, l’attention du marché des changes se portera prioritairement sur l’emploi américain avec la publication de trois statistiques phares : l’enquête ADP sur l’emploi privé, les revendications hebdomadaires au chômage, qui sont notre indicateur favori pour suivre en temps réel l’évolution de l’économie américaine, et enfin le rapport sur l’emploi NFP (non farm payroll) qui portera sur le mois de juillet. Selon le consensus, le taux de chômage devrait continuer sa décrue en juillet, à 10,7 % de la population active contre 11,1 % précédemment. Toutefois, le taux de participation, qui est certainement un meilleur baromètre pour juger de l’état du marché du travail en cette période de crise inédite, devrait rester encore très bas. En outre, il est probable que les demandes hebdomadaires d'assurance-chômage continuent d’augmenter, reflétant le fait que le processus de déconfinement a été mis sur pause ou a été inversé dans plusieurs États américains.
Enfin, la réunion de la Banque d’Angleterre ne devrait pas réserver de surprises particulières pour l’EUR/GBP. Le statu quo est largement attendu. L’institution a déjà amplifié lors de sa précédente réunion son programme de soutien à l’économie (un programme de rachats d’actifs ou quantitative easing, QE, en anglais). Il s’agit de la dernière grande réunion de banque centrale de l’été, avant le Symposium de Jackson Hole à la fin du mois d’août. Ce dernier réunit, chaque année, les principaux banquiers centraux. C'est souvent un rendez-vous incontournable pour savoir dans quelle direction la politique monétaire va aller. Nous y reviendrons dans les semaines à venir.
Calendrier économique :
DATE | DEVISE | ÉVÉNEMENT |
---|---|---|
3 août | EUR |
PMI manufacturier pour l’Allemagne en juillet |
3 août | USD |
Indice PMI manufacturier de l’ISM pour le mois de juillet |
5 août | USD |
Créations d’emplois non agricoles ADP pour le mois de juillet |
6 août | GBP |
Réunion de la Banque d’Angleterre |
6 août | USD |
Revendications hebdomadaires au chômage |
7 août | USD |
Rapport sur l’emploi américain |
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