Le contraste est frappant entre un marché des devises qui connait une très faible volatilité et même une légère hausse de l’euro face à ses principales contreparties sur la semaine passée (ex. : +0,20 % face à l’USD, +0,40 % face au JPY et +0,60 % face au CAD) et les nombreux signaux baissiers qui s’accumulent sur le terrain économique et sanitaire.
Si l’on s’attarde sur l’évolution des principales paires du marché des devises la semaine dernière, les fourchettes de fluctuations étaient très contenues. Ceci indique une faible volatilité, qui n’est pas inhabituelle en période estivale, mais peut surprendre étant donné les circonstances économiques actuelles. Ainsi, les paires EUR/USD, EUR/CHF et EUR/GBP ont évolué dans une fourchette d’environ 100 points – ce qui n’est rien.
Dans le même temps, la crise sanitaire continue de se répandre au niveau mondial et dans certains États des États-Unis tout indique que la pandémie est incontrôlable. Le Texas a enregistré un nouveau record journalier de cas de coronavirus détectés jeudi dernier et la pression augmente sur Disney World (en Floride) afin de repousser l’ouverture prévue le 11 juillet. La normalisation est loin d’être acquise sur le plan sanitaire au niveau mondial.
Sur le plan économique, on retiendra surtout la mise en garde ferme du Fonds monétaire international (FMI) concernant l’impact du Covid-19. L’organisation internationale a actualisé ses précédentes prévisions, datant d’avril, et revu à la baisse pour la quasi-intégralité des pays les perspectives de croissance. Le coût économique total de la crise devrait atteindre 12 mille milliards de dollars pour la période 2020-21, contre une estimation initiale à 9 mille milliards de dollars. Le scénario de base repose sur une reprise en V au niveau mondial l’an prochain mais qui dépendra de beaucoup de facteurs, notamment l’absence de nouvelle vague de coronavirus au deuxième semestre de cette année, l’efficacité des politiques monétaires et budgétaires mises en œuvre… et d’un peu de chance !
En ce qui concerne la France, le FMI a abaissé sa prévision de croissance à -12,5 % contre -7,2 % auparavant. Le pays figure parmi les économies qui devraient connaître la plus forte récession cette année. Toutefois, nous pensons que cette estimation est un peu pessimiste au regard des derniers indicateurs publiés (PMI et indice du climat des affaires), de la révision à la hausse de la croissance du PIB au deuxième trimestre par l’INSEE, à -17 % contre -20 % initialement, et des récentes mesures prises par le gouvernement comme la prolongation du dispositif de chômage partiel. Nous estimons que la récession devrait plutôt être autour de -11 % en 2020 – ce qui ne constitue en rien un motif de réjouissance nous en convenons.
Enfin, l’absence de volatilité au cours de la semaine dernière sur le marché des devises ne signifie pas qu’elle ne soit pas susceptible de revenir dans les semaines à venir. On gardera à l’esprit que les mois de juillet et d’août sont habituellement propices à une chute des marchés financiers. Comme nous l’avons souligné dans la présente note, mais aussi à maintes reprises ces dernières semaines, les facteurs de déstabilisation sont nombreux. Nous serons particulièrement attentifs à une éventuelle réactivation de la guerre commerciale par l’administration Trump qui pourrait entrainer un regain d’aversion au risque et donc pénaliser l’euro. Acculée par des sondages en berne, une économie à la traîne et qui flirte avec la déflation, l’administration américaine a annoncé étudier la mise en place de nouveaux tarifs douaniers sur 3,1 milliards de dollars d’exportations de plusieurs pays européens, dont la France. Des mesures similaires sont aussi à l’étude à l’égard d’autres pays, comme le Canada. On ne peut pas exclure qu’une bataille commerciale entre les deux côtés de l’Atlantique éclate cet été, lorsque les volumes seront au plus bas, d’où l’importance de mettre en place des stratégies de couverture afin de protéger ses marges.
Calendrier économique :
DATE | DEVISE | ÉVÉNEMENT |
---|---|---|
29 juin | EUR |
Réunion entre le président français et la chancelière allemande à Meseberg pour parvenir à un accord sur le plan de relance européen |
30 juin | USD |
Confiance des consommateurs du Conference board pour le mois de juin |
1 juillet | EUR |
Nouvelle estimation du PMI manufacturier allemand pour le mois de juin |
1 juillet | USD |
Enquête ADP sur l’emploi non agricole |
2 juillet | USD |
Rapport sur l’emploi américain (publication avancée d’un jour car le 03/06 est férié) |
Cet article de blog ne constitue en aucun cas un conseil en matière d'investissement.
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