Juin 2022 - Annonces économiques mensuelles

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Nos experts décryptent pour vous les dernières évolutions du marché des changes et vous livrent leurs prévisions pour le mois à venir.
Deux histoires

Le mois de mai a été marqué par deux grandes tendances.
La première, c’est la baisse généralisée du dollar américain face aux monnaies du G10 (les principales économies mondiales) à partir de mi-mai. Cela s’explique essentiellement par une amélioration globale de l’appétit au risque et un resserrement des taux à court terme sur le marché obligataire.
Nous doutons que la baisse du dollar soit durable. Il y a trop de facteurs anxiogènes sur le marché des devises en ce moment (Y aura-t-il une récession, par exemple ?). Le dollar va se redresser à court-terme.
La seconde, c’est la hausse de l’euro à partir de mi-mai. Cela s’explique par l’insistance de la Banque Centrale Européenne (BCE) à rappeler qu’elle va augmenter rapidement les taux pour contrer l’inflation. Il faudra une hausse massive et durable si on souhaite que l’euro soit orienté à la hausse sur le moyen-terme. Nous ne pensons pas que ce soit ce qui va arriver.

 

EUR/USD

Haut : 1,0802 Bas : 1,0350 Variation : +1,74 %

Le rebond de l’euro, qui a commencé vers mi-mai, s’explique à la fois par une hausse de l’appétit au risque (qui ne devrait pas durer, selon nous) et par les nombreux commentaires de membres du Conseil des gouverneurs de la BCE en faveur d’un durcissement rapide de la politique monétaire. La zone euro devrait sortir de la période des taux d’intérêt négatifs d’ici la fin du troisième trimestre cette année. C’est un tournant majeur qui a soutenu l’euro. S’ajoute à cela plusieurs mentions concernant une attention particulière portée au taux de change (qui est un facteur ayant des conséquences sur l’inflation, en particulier) : « Un euro trop faible irait à l’encontre de notre objectif de stabilité des prix » a déclaré le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, il y a deux semaines de cela (c’est un membre influent du Conseil des gouverneurs, proche des positions de Christine Lagarde). Maintenant, la question qui se pose est de savoir si le rallye haussier de l’euro face au dollar américain va se poursuivre. C’est une possibilité à court terme, à condition que les indicateurs économiques restent bien orientés (ce qui n'est pas certain). A plus long terme, nous restons convaincus que nous sommes entrés dans un monde de dollar fort (en raison des risques de récession, par exemple). Il est donc peu probable que la paire EUR/USD soit ancrée dans les mois à venir au-dessus des 1,10. Nous voyons plutôt une paire proche de la zone des 1,05-1,07.

 
EUR/GBP

Haut : 0,8594 Bas : 0,8377 Variation : +1,10 %
La situation économique au Royaume-Uni se dégrade très rapidement. Mais la livre sterling est résiliente, pour le moment. En l’espace d’un mois, elle n’a perdu que 1,10 % ce qui est raisonnable. Beaucoup d’économistes (et c’est le cas de notre économiste-maison) estiment que le Royaume-Uni est probablement déjà entré en récession. Les indicateurs d’activité pour les secteurs des services et manufacturier (les PMI) se sont effondrés en mai. La confiance du consommateur britannique est à un point bas historique en avril (dernière donnée disponible). Le coût de la vie a tellement augmenté sur une période courte que même les ménages de la classe moyenne commencent à rencontrer des difficultés pour boucler les fins de mois. Les indicateurs avancés qu’utilisent les économistes (comme ceux fournis par l’OCDE) confirment le risque élevé de récession. Cela ne signifie pas pour autant que la livre sterling va s’effondrer. Mais on risque de connaître un retour de la volatilité sur les paires en GBP (notamment l’EUR/GBP) dans les mois à venir si les conditions économiques se détériorent encore plus.

 
EUR/JPY

Haut : 138,98 Bas : 132,62 Variation : +1,27 %
Le Japon commence à s’inquiéter de la hausse de l’inflation (essentiellement sur la composante énergie). Mais il ne prévoit pas de changer sa politique monétaire ultra-accommodante. A juste titre, les autorités nippones considèrent que le combat contre l’inflation importée doit passer par des mesures fiscales. Par conséquent, l’affaiblissement constaté de la monnaie nippone devrait perdurer à court et à moyen terme, selon nous. Nous nous attendons à ce que la paire EUR/JPY renoue avec les  140 (point haut de trois mois) dans les semaines à venir. Pour l’instant, le Japon s’est abstenu de mettre en œuvre ses menaces d’intervention directe sur le marché des changes afin de soutenir le yen. C’est un risque qui reste présent.

 

EUR/CHF
Haut : 1,0500 Bas : 1,0188 Variation : -0,12 % 

La Banque Nationale Suisse (BNS) est connue pour son interventionnisme sur le marché des changes. Mais elle est aussi connue pour son inaction au niveau des taux directeurs. Cela pourrait changer prochainement. Andrea Meachler, membre influent du directoire de la BNS, a indiqué que la banque centrale pourrait durcir sa politique monétaire si l’inflation venait à s’accentuer. L’inflation dans la Confédération a atteint 2,5 % sur un an en avril (c’est indéniablement beaucoup moins qu’en zone euro où l’inflation était à 7,4 % sur la même période !). Mais il semble que la BNS ne souhaite pas tarder à réagir. Dans la foulée de la hausse des taux prévue en juillet prochain par la BCE, nous estimons que la BNS pourrait aussi augmenter son taux directeur principal (actuellement à -0,75 %, soit le plus bas au niveau mondial). Contrairement à la zone euro, la sortie des taux négatifs n’est pas pour demain en Suisse. Du côté de l’EUR/CHF, une hausse des taux par la BNS aurait pour effet mécanique de renforcer à court terme le CHF.

 
EUR/CAD

Haut : 1,3809 Bas : 1,3392 Variation : +0,19 %
La hausse de l’EUR/CAD a commencé mi-mai (scénario similaire pour l’EUR/USD). Cela s’explique essentiellement par la hausse de l’appétit au risque (qui avantage plutôt la monnaie unique) et surtout par la perspective de durcissement monétaire rapide en zone euro (dès le mois de juillet). Mais le mouvement haussier pourrait être de courte durée. La Banque du Canada (BoC) va aussi durcir de manière importante les conditions financières. Une hausse de 50 points de base est intervenue cette semaine. D’autres vont certainement survenir à court terme afin de ralentir l’inflation qui culmine à un sommet de 30 ans. L’économie canadienne est dans une position compliquée. L’ancien gouverneur de la BoC, Stephen Poloz, a indiqué la semaine passée craindre que le Canada ne sombre dans la stagflation (c’est aussi le scénario qui est redouté pour plusieurs pays membres de la zone euro).

 
EUR/AUD

Haut : 1,5279 Bas : 1,4600 Variation : +0,22 %
Depuis mi-mai, la paire a quasiment fait du surplace, évoluant dans un range de fluctuations d’environ 150 points seulement. C’est faible alors que la volatilité s’est accrue récemment sur plusieurs paires de devises. La prochaine hausse des taux par la banque centrale australienne (prévue le 7 juin prochain) est déjà intégrée dans les prix du marché. Le consensus prévoit une hausse de l’ordre de 40 points de base à 0,75 % (en ligne avec le scénario évoqué dans le compte-rendu de la dernière réunion de la banque centrale du 3 mai dernier). D’autres hausses sont à venir afin de contenir au mieux les pressions salariales. Le marché prévoit que le taux directeur principal atteigne 2,25 % courant 2023. A long terme, nous continuons de penser chez Ibanfirst que le durcissement monétaire australien va plutôt avantager l’AUD.

 
EUR/CNH

Haut : 7,2817 Bas : 6,9878 Variation : +1,67 %
La Chine est dans une situation économique complexe. Le pays a amorcé une politique de soutien à l’économie (via de nombreuses mesures monétaires) ces dernières semaines afin de contrebalancer l’impact négatif de la politique zéro Covid. Les confinements successifs ont notamment tari l’accès au crédit pour les entreprises et les ménages. Mais un assouplissement (budgétaire et/ou monétaire) trop agressif est exclu selon nous car cela pourrait accroître le risque de fuite des capitaux (les investisseurs quitteraient la Chine à la recherche de meilleurs rendements). Il y a donc une grande incertitude à court terme sur la marge de manœuvre réelle des autorités chinoises pour sortir l’économie de la période de faible activité actuelle (voire de contraction de l’activité si on se focalise sur les indicateurs d’activité pour les services et le secteur manufacturier). Du côté de l’EUR/CNH, on observe une nette appréciation sur le mois de mai (qui reflète un mouvement quasi-général de hausse de l’euro sur le marché des changes). Il est probable que les autorités ne voient pas d’un mauvais œil la baisse du CNH tant que celle-ci reste limitée.

 
Calendrier économique : 

 

DATE DEVISE ÉVÉNEMENT
01/06 CAD Réunion de la banque centrale
03/06 USD Chiffres de l’emploi américain en mai
07/06 AUD Réunion de la banque centrale
09/06 EUR Réunion de la banque centrale
10/06 USD Indice des prix à la consommation aux Etats-Unis en mai 
14/06 USD Indice des prix à la production aux Etats-Unis en mai 
15/06 USD

Réunion de la banque centrale et mise à jour des projections économiques

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