L'aversion au risque domine sur le marché des devises

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Résumé de la semaine du 16 mars 2020

Le dollar américain a été la monnaie la plus recherchée dans un contexte d’aversion au risque élevé. Depuis le début de l’année, le Dollar Index, qui reste la référence du marché pour juger de l’évolution de l’aversion au risque, a connu une hausse de près de 7 %. Sur la seule semaine dernière, l’appréciation atteint 4 %. Dans ce contexte peu propice, l’euro a affiché un recul marqué face à l’USD de plus de 3 %. La monnaie unique a aussi perdu du terrain face au yen et au franc suisse, mais dans des proportions bien plus limitées. L’euro a toutefois réussi à tirer son épingle du jeu face à la livre sterling (-1 %) qui a été pénalisée par les récentes baisses de taux de la Banque d’Angleterre.

Les grandes annonces à retenir :
  • La France a mis en place des mesures de confinement plus strictes pour une durée de 15 jours.
  • Les banques centrales ont encore été à la manœuvre. Contrainte par la pression forte des marchés, la Banque centrale européenne a dévoilé un bazooka qu’aurait pu imaginer Mario Draghi. Il s’agit d’un « programme de rachat d'urgence face à la pandémie » consistant en des rachats de dette publique et privée pour 750 milliards d'euros qui court jusqu’à fin 2020. En outre, la Banque d’Angleterre a de nouveau opéré une baisse en urgence de son taux directeur, à un plus bas historique de 0,10 %, et mis en place un programme de rachats de dette souveraine britannique de l’ordre de 200 milliards de livres sterling. Notons enfin que la Banque du Japon a proposé un prêt de 2 000 milliards de yens dans le cadre d'une vente non programmée afin d’apaiser les tensions sur le marché.
  • En amont de la présentation du budget, le Canada a annoncé de nouvelles mesures budgétaires pour faire face à la crise. La plus symbolique est certainement le versement jusqu’à 900 dollars canadiens toutes les deux semaines pendant les 15 prochaines semaines à tous les Canadiens adultes. Il s’agit d’une forme d’helicopter money. Les autres mesures sont plus conventionnelles et reposent notamment sur un report de la fiscalité jusqu’à fin août 2020 pour les ménages et les entreprises.
À quoi faut-il s’attendre cette semaine ?
  • Il devrait y avoir moins d’interventions surprises de la part des banques centrales qui ont déjà dévoilé une grande partie de leurs munitions. La Banque d’Angleterre, la Banque centrale européenne et la Réserve fédérale américaine n’ont plus de marge de manœuvre au niveau des taux d’intérêt. En revanche, une nouvelle action de la Banque du Canada dans les semaines à venir n’est pas à exclure. Son principal taux directeur est à 0,75 %, ce qui lui laisse une certaine latitude pour agir de nouveau si le Canada entre en récession.
  • L’Allemagne doit valider en début de semaine un plan d’aide de 350 milliards d’euros représentant 10 % du PIB.
  • Les statistiques allemandes (Purchasing Manager’s Index ou PMI manufacturier demain et indice IFO mercredi) devraient confirmer l’ampleur de l’impact économique du coronavirus. Le PMI manufacturier est attendu en chute libre à 39 au mois de mars, un niveau qu’il n’avait plus connu depuis la crise financière de 2008-09. L’indice IFO du climat des affaires devrait également renouer avec son niveau de fin 2009 (à 88 en mars selon le consensus).
  • Nouvelle réunion de l’Eurogroup mardi 24 mars à 18h30, heure de Paris, afin de mettre sur pied une approche coordonnée pour faire face à la crise.
  • La volatilité restera le maître-mot sur le marché des changes tant que l’incertitude sur le plan économique et sur le plan sanitaire perdurera. On doit donc s’attendre à ce que les ranges de fluctuations sur certaines paires, comme l’EURUSD, soient à trois chiffres.
  • Les risques baissiers s’accentuent sur la livre sterling, car nous anticipons que le Royaume-Uni va être contraint de prendre des mesures de confinement plus strictes pour endiguer la pandémie que la seule fermeture des écoles et le report des examens.

Quel positionnement sur l’euro ?

La monnaie unique a franchi des seuils de support importants face au dollar américain (USD) au cours des derniers jours, notamment les 1,09 et les 1,08. La tendance reste toujours marquée à la baisse tant que l’aversion au risque sera le principal marqueur du marché des devises. À la baisse, le prochain niveau de support à surveiller sera à 1,065 0. Une cassure ouvrirait la porte à une dépréciation plus accentuée de l’euro avec pour objectif les 1,05.

 Cet article ne constitue en aucun cas un conseil en matière d’investissement.

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