La bourse ou le marché des devises, qui a raison ?

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Alors que les cours boursiers continuent de grimper depuis plusieurs semaines, les négociants du monde des devises cherchent au contraire à augmenter leur exposition à des valeurs refuges. Si les bourses semblent anticiper de bonnes nouvelles, on ne saura qui avait raison que dans plusieurs mois.

Les dégâts économiques seront-ils, en fin de compte, moins sévères que ce qui avait été anticipé ? Ces derniers jours, plusieurs bonnes nouvelles ont été annoncées. Ainsi, en Europe, le commerce de détail a enregistré des ventes supérieures de 17,8 % à celles d’avril, selon Eurostat. Cette augmentation dépasse les 14 % espérés par les économistes. D’après le CBS (Bureau central de la statistique néerlandais), l’inflation néerlandaise est passée de 1,2 % en mai à 1,6 % en juin. En théorie, le fait que les entreprises parviennent à appliquer des prix plus élevés constitue une évolution positive. En pratique, les apparences peuvent néanmoins cacher des vérités plus complexes. Ainsi, la hausse du chiffre d’affaires du commerce de détail est majoritairement due à un énorme bond dans les ventes de vêtements. D’autres segments, comme les restaurants et les salons de coiffure, ne voient encore que peu de signes d’un potentiel rétablissement. Quant à l’inflation néerlandaise, elle a été poussée par une hausse de l’accise sur le tabac, qui a augmenté les prix des produits du tabac de près de 20 %.

Optimisme en bourse, prudence sur le marché des devises

Les investisseurs s’intéressent principalement aux bonnes nouvelles. Aux Pays-Bas, l’AEX a déjà rattrapé près des trois quarts des pertes provoquées par le coronavirus, tandis que l’indice de bourse des technologies américain, le Nasdaq, a même atteint un nouveau record. D’un autre côté, il semblerait que le monde des devises se méfie de ce rapide rétablissement économique. Ces dernières semaines, les devises considérées comme des refuges sûrs en période d’instabilité financière gagnent de nouveau rapidement du terrain, à l’instar du franc suisse ou encore du yen japonais. Ces deux monnaies ont ainsi atteint, début mai, leur plus haut niveau en trois ans vis-à-vis de l’euro. Et s’il faut bien reconnaître que l’euro a un temps rattrapé une partie de son retard, le franc et le yen demeurent en hausse depuis.

Le dollar, un cas à part

Bien que le dollar ait traditionnellement toujours sa place parmi les valeurs sûres, cela n’a pas été beaucoup le cas ces derniers mois. Cela s’explique notamment par la récession américaine, qui semble s’aggraver bien davantage qu’en Europe, qui dispose de filets de protection sociale plus solides. Par conséquent, aux États-Unis, la crise du coronavirus impacte davantage le portefeuille d’une grande partie de la population. En outre, les États-Unis ont mis en place des mesures de stimulation économique proportionnellement gigantesques, qui devront toutefois être financées un jour. Stephen Roach, anciennement économiste chez Morgan Stanley, a récemment prédit que la ligne de conduite actuelle pourrait faire chuter le dollar de quelque 35 %.

Nouvelle vague de panique ?

Cela dit, un tel crash du dollar n’est pas d’actualité immédiate. Bien au contraire : si le coronavirus sème de nouveau la panique dans le monde financier, il est fort probable que la devise américaine retrouve son rôle de refuge prioritaire. D’après les actualités en matière de coronavirus comme les chiffres économiques, il n’y a pas lieu de craindre une deuxième vague de panique. Encore que les perspectives ne soient malheureusement pas encore aussi radieuses que peut le laisser penser l’optimisme des indices de bourse.

Joost Derks est spécialiste des devises chez iBanFirst. Il a plus de vingt ans d’expérience dans ce domaine. Cet article reflète son opinion personnelle et ne constitue en aucun cas un conseil professionnel (en matière d’investissement).

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