EUR/GBP : le risque d’un Brexit sans accord plane de nouveau

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Brexit
Il y a les risques connus – comme les inévitables faillites d’entreprises, la hausse du chômage ou encore une nouvelle vague du virus qui se matérialise dans plusieurs États américains comme le Texas et la Floride – et il y a les risques moins connus qui sont susceptibles d’engendrer un fort rebond de la volatilité sur le marché des changes. En haut de cette liste figure le Brexit.

Alors que la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne avait attiré l’attention des opérateurs de marché toute l’année 2019, la situation s’est complètement inversée à la faveur de la crise du coronavirus. Pourtant, nous sommes entrés dans une période stratégique pour le Royaume-Uni et donc pour la paire EUR/GBP.

Fin de la période de transition

En effet, Londres a jusqu’à la fin du mois pour demander une extension de la période de transition – ce qui est exclu pour le moment. Le moins qu’on puisse dire c’est que le processus de négociation ayant cours avec Bruxelles ne va pas dans le bon sens. Le sentiment du marché à l’égard de la livre sterling s’est considérablement détérioré ces derniers mois. Depuis le début de l’année, la paire EUR/GBP affiche un gain de +6 % et sur un mois l’appréciation atteint +1,3 %. Le cross (paire de devises) reste proche des 0,90 mais il n’est pas exclu qu’il retrouve ses points hauts de l’année (la zone des 0,93-0,94) en cas de dérapage des négociations.

À ce stade, plusieurs scénarios circulent du côté britannique :

  • La position d’une majorité du gouvernement britannique est de ne pas demander d'extension afin de gérer dès à présent l’après-Brexit pendant la période du coronavirus, dans l’espoir que le sujet ne pèse pas sur la reprise économique lorsqu’elle se profilera.
  • Un autre scénario, qui semble cependant avoir un soutien minoritaire et a été proposé par une ancienne conseillère du Premier ministre Theresa May, consiste à prolonger la période de transition de six mois afin d’utiliser ce temps supplémentaire uniquement pour la mise en œuvre des nouvelles mesures qui pourraient être convenues d’ici octobre 2020. Si à cette date aucun accord n’était trouvé avec l’UE, les négociations s’arrêteraient. Toutefois, cela pourrait au moins permettre aux entreprises d’avoir un tout petit peu plus de temps pour se préparer aux changements à venir.
Épuisement des négociateurs européens

Du côté de l’Union européenne, on sent un épuisement palpable de la part des négociateurs et une volonté d’en finir avec le Brexit, le plus rapidement possible, afin de s’intéresser à des sujets jugés plus urgents, comme le plan de relance proposé par la Commission européenne. On ne peut donc pas exclure que l’UE, contrairement à ses positions antérieures, soit opposée à l'extension de la période de transition, au risque d'un Brexit sans accord.

Les responsables européens comme le marché des changes ont compris que le Royaume-Uni (et donc la livre sterling) ont plus à perdre que l’UE (et donc l’euro).

Prochains mois tumultueux pour la livre sterling

Peu importe ce qui surviendra d’ici fin juin, les prochains mois vont être tumultueux pour la livre sterling. Les facteurs de baisse face à l’euro s’accumulent : l’incertitude liée au Brexit, le fort ralentissement économique à venir et aussi la très mauvaise gestion de la crise sanitaire par Londres. Parmi les grandes économies européennes, le Royaume-Uni est le seul pays où la pandémie poursuit son expansion. Avec plus de 290 147 cas recensés à ce jour, le pays figure en quatrième position mondiale des pays les plus touchés par la pandémie, derrière les États-Unis, le Brésil et la Russie. Ajoutons à cela le net ralentissement économique à venir en lien avec la pandémie.

Selon les prévisions de l’OCDE communiquées la semaine dernière, le Royaume-Uni devrait être l’économie développée connaissant la plus forte récession cette année avec une baisse du PIB attendue de -11,5 %. Cette prévision tient compte du fait qu’un accord avec l’UE soit trouvé. C’est donc une prévision optimiste ! En cas de nouvelle vague du virus, la récession pourrait atteindre -14 % cette année.

Tout se met progressivement en place pour avoir une dépréciation durable de la livre sterling face à ses principales contreparties, notamment l’euro, dans les mois à venir.

Calendrier économique : 
DATE DEVISE ÉVÉNEMENT
 16 juin EUR

Indice ZEW du sentiment économique en Allemagne en juin

16 juin USD

Ventes au détail aux États-Unis en mai

18 juin GBP

Réunion de la banque centrale britannique (BoE)

18 juin USD

Indice manufacturier de la Fed de Philadelphie en juin

19 juin EUR

Vidéoconférence des membres du Conseil européen

 

Cet article de blog ne constitue en aucun cas un conseil en matière d'investissement.

 

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