Comment DSP2 peut accélérer « l’unbundling des banques » ?

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DSP1 a initié l’unbundling des banques…

Fin 2009, DSP1 (et d’autres réglementations similaires aux Etats-Unis et, de fait, dans la plupart des pays ou régions) a rompu le monopole des banques sur les comptes bancaires et les paiements. Cela veut dire que les nouveaux prestataires de services de paiement (PSP), qui n’ont pas le statut de banque, sont autorisés à gérer les fonds de leurs clients (bien qu’avec certaines restrictions importantes) et à exécuter des paiements.

Les fintech ont saisi cette opportunité pour concevoir de nouveaux produits et services. Etant donné leur solide ADN technologique et le fait qu’elles n’aient pas hérité de systèmes, process et organisations du passé, elles ont pu construire une meilleure expérience utilisateur, proposer des prix plus bas, et booster leur time-to-market par rapport à celui des banques en place.

Ci-dessous, vous trouverez une liste non exhaustive des nombreuses fintech qui offrent des services verticaux et participent à l’unbundling des banques (bien que pas toutes liées aux comptes et aux paiements, ni relevant de DSP1) :

  • Lendix permet aux sociétés d’obtenir des prêts en moins de 48 heures
  • Robinhood permet aux utilisateurs de passer des opérations boursières sans frais
  • Lydia permet aux utilisateurs de se rembourser entre eux et de régler leurs achats en magasin
  • Coinbase permet aux utilisateurs de recevoir, détenir, échanger et envoyer des crypto-monnaies
  • Qonto permet aux PME d’ouvrir un compte courant en ligne en moins de 5 minutes
  • Square permet aux petites entreprises d’accepter facilement des paiements en ligne et hors ligne
  • iBanFirst permet aux entreprises d’ouvrir des comptes dans 25 devises, et de gérer leurs besoins en change et leurs paiements internationaux

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… et DSP2 va probablement l’accélérer

DSP2 va plus loin que DSP1 et met fin au monopole des banques et des PSP en matière d’information sur les comptes bancaires et d’initiation de paiement, celles-ci étant désormais ouvertes à de nouveaux acteurs, à savoir les AISP (pour « account information service providers ») et PISP (pour « payment information service providers »).

Les AISP peuvent accéder aux informations des comptes bancaires des utilisateurs, y compris les soldes et les transactions. Les PISP permettent aux utilisateurs d’initier des paiements depuis leur compte bancaire en utilisant un autre produit ou service – par exemple, un paiement depuis un compte BNP Paribas en utilisant l’application mobile Bankin. Le tout grâce à des API modernes, simples et peu coûteuses à intégrer.

Les AISP et PISP ne se chargent ni de la conservation des fonds des clients en toute sécurité, ni de la conversion des devises, ni de l’exécution des paiements ou de la concession de prêts. Ils ne sont pas non plus responsables des AML, KYC, KYT ou autres acronymes à trois lettres qui sont tellement redoutés par la plupart des services responsables des opérations et de la surveillance au sein des banques et des fintech.

Les AISP et PISP peuvent donc se concentrer sur la conception, la construction et la commercialisation de meilleures expériences client. Les fintech comme Qonto, la néo-banque dédiée aux PME (avant qu’elle ne sollicite et obtienne les licences AISP et PISP), et Shine, la néo-banque pour les traders indépendants, ont adopté cette stratégie et ont pu construire des bases client significatives en un temps record.

 

 

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Jusqu’où l’unbundling va-t-il aller ?

Pour résumer, l’unbundling des banques pourrait bien remodeler le secteur de la banque et des services financiers de la façon suivante :

  • 🔒 Les banques deviendront des coffres forts, c’est-à-dire des endroits où les clients déposeront leurs fonds en vertu du haut niveau de sécurité de ces établissements, de la solidité de leurs bilans financiers et de leur statut too-big-to-fail
  • Les banques prêteront aussi de l’argent, encore une fois grâce à la solidité de leurs bilans financiers, bien que dans le même temps d’autres acteurs puissent leur subtiliser des clients en accordant eux aussi des prêts (comme c’est déjà le cas, par exemple, avec Lendix)
  • 💸 Les réseaux de paiement comme SWIFT continueront à gérer les paiements, même si un nombre croissant de prestataires de services de paiement, qui ne sont pas des banques (comme IbanFirst), seront amenés à gagner en importance
  • 🌐 De nouveaux réseaux de paiement vont voir le jour, fondés sur les nouvelles technologies comme la blockchain (par exemple, Ripple). Si, au départ, ils n’atteindront sans doute pas l’échelle et la portée de SWIFT, il se pourrait qu’ils fonctionnent bien sur certains corridors de paiement (par exemple, les paiements UE/USA)
  • 👩‍💻 Les prestataires de services de paiement continueront à se développer et se spécialiseront très probablement sur certains besoins verticaux (par exemple, les paiements peer-to-peer, les places de marché ou les SaaS) ou sur les méthodes de paiement (par exemples, les cartes, les télévirements ou les virements de lignes de crédit)
  • 🎨 De nouveaux acteurs, dotés des licences AISP et/ou PISP, verront le jour et se joindront aux banques et PSP pour concevoir, développer et commercialiser des expériences totalement nouvelles

Article rédigé par Edouard Mandon, Product Manager chez iBanFirst.

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