iBanFirst Business Summit 2024 : ce qu'il faut retenir

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Inflation persistante, compétitivité européenne, volatilité des marchés et intelligence artificielle… Dans un contexte de transformation économique et d’incertitudes, quelles stratégies adopter pour rester compétitif à l’international ?


Lors du iBanFirst Business Summit 2024, des experts de premier plan – Jean-Claude Trichet, CEO, CFO et entrepreneurs – ont livré leurs analyses sur la croissance américaine et européenne, les opportunités de l’export, la gestion des risques financiers et l’impact de l’IA sur les entreprises.

 

Plongez dans les enseignements clés de cet événement.

 

Comprendre la croissance des Etats-Unis et les points forts de l’UE

Du point de vue inflation, la situation est « plus compliquée aux États-Unis qu’en Europe, parce que l’économie américaine est bouillonnante » a relevé Jean-Claude Trichet, ancien président de la Banque centrale européenne. Cette croissance américaine, assez impressionnante vue d’Europe, doit être analysée selon lui en prenant une perspective mondiale et à moyen terme. D’autant que la politique budgétaire, très expansive, des États-Unis, crée de l’artificialité dans la différence de croissance observée entre USA et UE, avec notamment des comptes externes américains très déficitaires alors que l’UE est « en excédent de balance des paiements courants au total, tout compris. Ce qui veut dire que nous finançons le reste du monde. Il ne faut jamais oublier ça quand on compare les chiffres absolus aux États-Unis et en Europe » assène l’ancien gouverneur de la Banque de France.

 

En 2030, les projections prévoient une croissance moyenne de 2,1 % aux États-Unis et de 1,3 % en Europe. Une différence de taux qui s’explique d’abord « par le fait que nous avons une économie en Europe qui finance beaucoup moins aisément les startups » et parce que les Etats-Unis ont pu compter sur une « immigration colossale, facilement assimilable, qui était la marque évidemment de l'Amérique latine » a expliqué l’ancien président de la BCE. Deux paramètres à suivre au regard des choix politiques de l’administration Trump pour anticiper la trajectoire économique des États-Unis.

 

 À noter : le point d’alerte de Jean-Claude Trichet

Il concerne l’écart en termes de capitalisations boursières entre l’Europe et les États-Unis. « En 2017, les Américains sont à 1 standard deviation du point moyen. En 2020, à 2. En 2023, à 3 ». En décembre 2024,« on est proche de 4 du niveau européen. On n'a jamais observé ça dans le passé, depuis la Seconde Guerre mondiale. » Il a conclu : « J’ai un peu l'impression qu'il y a un effet de bulle. »

 

S’appuyer sur les faiblesses européennes pour s’internationaliser

Moindre croissance comparé aux USA, absence de marché unique des banques commerciales ou des banques d'investissement, euro faible comparé au dollar : ce prisme pessimiste peut s’avérer un avantage si l’on veut bien prendre de la hauteur comme l’a expliqué qu’Arnaud Caudoux, directeur général adjoint Bpifrance, pour qui « aujourd’hui est un bon moment pour aller à l’export ». Car l’export demeure un vecteur de croissance ! « Il y a des éléments favorables, même dans le contexte mondial et géopolitique compliqué que nous connaissons. Il y a des zones de croissance plus importantes que l'Europe et nous disposons d’avantages liés à nos conditions de financement, puisque les taux ont baissé, et à la relative faiblesse de l'euro. Cela doit servir. »

 

Si l’international est une source de croissance indéniable, cette dynamique emporte des changements structurels conséquents dont :

 

  • des indicateurs habituels perturbés par l’export : les premières ventes sont très chères, les produits doivent parfois être réadaptés; l’export restant la meilleure façon de continuer à avoir un potentiel de croissance, les dirigeants doivent impérativement intégrer le cout d’acquisition client et les risques de non-paiement dans leur stratégie.
  • des différences de culture : « c'est la bonne compréhension de la culture du pays, de la façon dont on y fait du business, qui est souvent le facteur clé » a partagé Ivo Mertens. Ainsi en Inde la signature d’un contrat ne vaut pas engagement : « tant qu'il n’y a pas eu de paiement, le contrat ne vaut que comme le début d’un processus ».
  • des spécificités fiscales locales : garder sa facturation client en France ou la transférer dans la filiale peut avoir des impacts de TVA en local ou de définition des prix de transfert avec la maison mère. Des éléments à prendre en compte dans un souci de conformité et d’opportunités comme l’a partagé Marie Crevoisier, directrice financière des moteurs Baudouin.
  • un recrutement qui doit évoluer et donner de l’importance à de nouveaux critères, dont la connaissance pays des candidats. Cela facilitera le business et constituera une aide indéniable à la gestion de sujets complexes et pourtant très quotidiens : les moyens de paiement, les lettres de crédit, les remises documentaires, etc.

 

Aller à l’international en s’appuyant sur l’innovation 

« La volatilité sur les marchés de change est de retour, complètement et à des niveaux rares » a martelé Ivo Mertens, Chief Revenue Officer chez iBanFirst. Pour les entreprises exportatrices, importatrices ou internationales, l’objectif est donc d’essayer de maîtriser ce risque en disposant d’une visibilité sur le cash-flow (ou flux de trésorerie), et notamment sur les types de cash-flow générés. L’importance du timing a été souligné par Xavier Lazarus, cofondateur de la société d'investissement Elaia : « Si le change est fait trop tôt, ou si le paiement intervient trop tard, cela peut entrainer en termes de variation de trésorerie un delta très supérieur au salaire pendant deux ans d'un très bon CFO et au coût de service d'une société comme iBanFirst. »

 

Autre paramètre relevé : les retards de paiements, fréquents en France et première cause de défaillances des entreprises, doivent aussi être anticiper à l’international.

 

Que ce soit pour la gestion des liquidités ou limiter le risque de change, l’innovation peut être d’une grande aide. Ainsi les entreprises peuvent envisager de se doter d’un outil connecté aux différentes banques de l’entreprise afin de pouvoir suivre le cash-flow, les marges, et « bien facturer ses clients », a indiqué Raphaël Nahum, CFO de Pennylane, qui a relevé l’intérêt « des solutions de paiement intégrées nativement avec votre facturation. Cela peut être des prélèvements bancaires, des liens pour aider les clients à payer plus vite ou des virements ». Et comme l’a relevé Sonia Boudier, Chief of Tech & Strategy Officer d’iBanFirst, pour les PME par définition moins staffées en compétences adressant les risques à l’international, s’appuyer sur une plateforme de paiement permettant à la fois de payer, de se faire payer en plusieurs devises, mais aussi de gérer le risque de change associé à ces paiements est un plus sécurisant et facilitateur.

 

Intégrer l’IA comme source de productivité et de croissance

« L'intelligence artificielle, c'est vraiment présent, ce n’est pas le futur » comme l’a démontré Sébastien Marchon, CEO de Rydoo. Ainsi, dans les solutions corporate, l’IA permet de comprendre ce qu'est la donnée captée et de faire des choses que l’humain ne peut pas faire. Comme la traduction quasi immédiate en français d’un reçu émis en mandarin et la détection d’anomalie.

 

Mais pour chaque entreprise, l’IA peut apporter bien plus que des gains de temps via l’automatisation des process. Elle peut notamment :

 

- favoriser l’attractivité et la rétention des talents ;

- d’améliorer le customer success ;

- pallier l’absence de data analyst attitré ;

- renouveler la proposition de valeur de l’entreprise.

 

Surtout, la troisième vague de l’IA, qui arrive à grands pas, va tout bouleverser : après la vague langage, puis celle de l'image, cette vague dite de la donnée devrait par exemple, permettre de formaliser un business plan en quelques secondes . Cette adaptabilité de l’outil IA nécessite pour être pleinement opérationnelle que l’entreprise soit agile et capable d’absorber ce qui vient. Cela doit se traduire par un travail pour développer les taux d’utilisation des outils IA par les collaborateurs, en leur montrant notamment régulièrement des cas d’usage.

 

Ces discussions ont eu lieu lors du Paris iBanFirst Summit 2024. Pour revivre l’intégralité des échanges et découvrir les réponses aux questions des participants, visionnez le replay du Paris iBanFirst Summit 2024 ici.

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