GBP : Le spectre d'un référendum écossais réapparaît

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À l'aube des élections parlementaires en Écosse, la possibilité d'un nouveau référendum sur l'indépendance se profile. En cas de victoire électorale du Parti national écossais (SNP), actuellement au pouvoir, un nouvel appel aux urnes serait-il inévitable ? Et quel serait l'impact pour la livre sterling (GBP) ?


Les élections parlementaires écossaises prévues le 6 mai prochain pourraient aboutir à une victoire des partis en faveur de l’indépendance de l’Écosse. Si ce scénario venait à se réaliser, ce que semblent indiquer les derniers sondages d’opinion, cela risque de raviver les craintes concernant l’avenir du Royaume-Uni et son intégrité territoriale dans la période post-Brexit.

La possibilité que l’Écosse quitte un jour le Royaume-Uni pour rentrer dans l’Union européenne (UE) en tant que pays indépendant n’est plus considérée comme une idée saugrenue. En juin 2016, 62 % des Écossais ont voté en faveur du maintien du Royaume-Uni dans l’UE.

Pour l’instant, le spectre d’un nouveau référendum sur l’indépendance de l’Écosse a eu des conséquences limitées sur le taux de change de la livre sterling. Mais tout porte à croire que la monnaie britannique connaîtra une période post-Brexit plus chahutée que beaucoup ne l’envisageaient.

 

Trois étapes vers une possible indépendance de l’Écosse :

  • Les partis pro-indépendance doivent remporter les élections du 6 mai.
    Ceci est fortement probable. Le scrutin aura lieu de 7 h à 22 h, heure locale (UTC±0). Ce n’est donc que le lendemain matin, le vendredi 7 mai, que les résultats officiels devraient être dévoilés.

  • Le parlement britannique doit accepter la demande de l’Écosse concernant un nouveau référendum (comme ce fut le cas en 2014).
    Ceci est également possible, mais pourrait soulever de fortes oppositions au sein du Parti conservateur au pouvoir à Londres.

  • Les indépendantistes écossais doivent gagner un éventuel référendum sur la question.
    Ce dernier point est loin d’être une certitude puisque les sondages sont très volatils sur ce sujet. En septembre 2014, lors du premier référendum, les indépendantistes avaient essuyé une lourde défaite (55,3 % en faveur du maintien dans le Royaume-Uni contre 44,7 % en faveur de l’indépendance), malgré des sondages plutôt favorables avant le scrutin.
 

Élections à l’écossaise, comment ça marche ?

Les élections en Écosse sont basées sur un système hybride combinant à la fois vote au niveau des circonscriptions et vote au niveau régional. Ce jeudi, 73 députés vont être élus dans leurs circonscriptions selon un système majoritaire à un tour (le candidat qui remporte le plus de voix remporte le scrutin). En outre, 56 sièges de députés supplémentaires seront attribués au moyen de la représentation proportionnelle au niveau régional. Ce système hybride et complexe rend les sondages d’opinion moins fiables que dans d’autres systèmes, comme celui qui prévaut en France par exemple, avec le scrutin majoritaire à deux tours.

Si on se base sur les cinq derniers sondages publiés, le principal parti indépendantiste, le Parti national écossais (SNP), qui est actuellement au pouvoir, devrait être le grand vainqueur du scrutin. Il pourrait remporter 49 % du vote au niveau des circonscriptions et 39 % du vote au niveau régional. En 2016, lors du dernier scrutin, le SNP avait remporté un total de 63 sièges (il faut 65 sièges pour obtenir la majorité). Mais grâce aux six sièges remportés par les Verts écossais (en faveur de l’indépendance), la nation écossaise a été gouvernée par une majorité indépendantiste au cours des dernières années. Un scénario similaire risque de se produire à la faveur du scrutin du 6 mai.

Même si le SNP perd de son attrait auprès d'une partie de l’électorat ces dernières semaines, du fait de plusieurs scandales entachant la réputation de ces deux derniers dirigeants, l’actuel chef Nicola Sturgeon et son prédécesseur Alex Salmond, il est probable qu’il puisse compter une nouvelle fois sur les Verts écossais et sur l’Alba (le nouveau parti fondé par Alex Salmond) pour obtenir une majorité au Parlement d’Édimbourg.

 

La balle est dans le camp de Londres

Si les partis indépendantistes obtiennent une majorité au Parlement écossais et qu’ils demandent la tenue d’un nouveau référendum sur l’indépendance, comme ils s’y sont engagés pendant la campagne électorale, le Premier ministre britannique Boris Johnson sera confronté à un choix difficile.

Il aura deux possibilités :

  1. Accepter un nouveau référendum en espérant que le résultat sera le même qu’en 2014.

  2. Bloquer la demande écossaise grâce à sa majorité de 80 sièges au Parlement de Westminster, ce qui pourrait ouvrir la porte à un interminable marathon judiciaire entre Londres et Édimbourg.

Ayant certainement en mémoire les retombées de la décision du Premier ministre britannique David Cameron d’accepter un référendum sur l’appartenance à l’UE, il est probable que le Premier ministre en fonction privilégie la deuxième option.

 

Quelles retombées pour la livre sterling (GBP) ?

Pour l’instant, le risque d’un nouveau référendum écossais n’a pas vraiment été intégré dans les prix offerts par le marché. La livre sterling a un peu reculé ces dernières semaines face à l’euro, mais cela s’explique davantage par la progression de la monnaie unique (en lien avec le renforcement de l’appétit au risque) que par les inquiétudes concernant le scrutin écossais. À très court terme, un changement de tendance sur la paire EUR/GBP n’est pas anticipé.

La hausse devrait se poursuivre en direction des 0,88 (qui correspond aux niveaux de début février 2021). Cependant, si le spectre d’un nouveau référendum venait à se matérialiser — ce qui est probable à moyen terme — il faudrait s’attendre à un fort regain de volatilité sur les paires en GBP et à une dépréciation accentuée de la monnaie britannique, y compris face à l’euro.

Les opérateurs du marché des changes auront certainement tous à l’esprit l’expérience récente du référendum sur l’appartenance à l’UE qui avait abouti à une forte dépréciation du GBP (qui avait notamment atteint un point bas de trente ans face à l’USD dans la foulée).

Dans ce brouillard politique, une chose est claire au moins : la possibilité d’un référendum écossais est certainement le risque politique le plus important à ce jour pour l’EUR/GBP, qui est le plus mal anticipé par les opérateurs du marché des devises.

 

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