Depuis la mi-février, la livre sterling a chuté d’environ 10 % par rapport à l’euro. Ceci en dit long sur les préoccupations du marché des changes à propos d’un éventuel échec des négociations entre Londres et Bruxelles. Néanmoins, il existe plusieurs raisons de rester un peu optimiste.
Les négociateurs britanniques et européens se sont enfin réunis cette semaine pour discuter d’un accord commercial. Cette réunion s’étant tenue bien plus tard que prévu, la pression pour concilier les opinions divergentes est plus forte que jamais. En effet, le 30 juin dernier a marqué la date limite pour solliciter une éventuelle prolongation de l’actuelle période de transition. Rien d’étonnant quand on sait que le Premier ministre britannique Boris Johnson doit sa victoire électorale de décembre dernier à sa promesse de retirer le pays de l’Union européenne avant fin 2020. Toutefois, pour le moment, il ne semble pas pressé de s’attaquer à ce sujet. Cette semaine, par exemple, il a fait savoir que le négociateur chevronné David Frost serait promu conseiller de la sécurité nationale à partir du mois de septembre prochain. Il n’est donc pas surprenant que la livre sterling ait été de plus en plus sous pression au cours des dernières semaines. Néanmoins, de multiples raisons laissent à penser que l’issue du Brexit peut encore être positive.
Un contexte amélioré
Ces derniers mois, les deux camps ont dû communiquer par visioconférence. Certes, il s’agit d’un moyen adéquat pour échanger des informations et faire des projets en entreprise, mais ce n’est pas vraiment la bonne méthode à adopter pour mener des discussions de haut niveau sur des sujets sensibles de manière calme et nuancée. En effet, les négociations se passent indiscutablement mieux dans les couloirs des bâtiments publics ou dans des environnements plus paisibles, loin des caméras et des journalistes. Heureusement, cette possibilité s’ouvre de nouveau aux négociateurs. Dimanche dernier, David Frost et son équipe ont pris le train vers Bruxelles afin de recommencer les discussions en face à face, et ce n’est que le début. Une longue série de négociations est prévue pour les mois à venir.
L’argent est roi
La principale raison pour laquelle le risque d’un Brexit sans accord est moindre que la chute de la livre britannique le laisse supposer est tout bonnement l’argent. Beaucoup d’argent même. Le gouvernement britannique estime que les pêcheurs européens capturent chaque année dans ses eaux territoriales des poissons pour une valeur de 500 millions d’euros. En revanche, les dommages qui seront subis par le centre d’affaires de Londres sont imprévisibles en cas de Brexit chaotique. Si les banques, les assureurs et les autres acteurs de la finance au Royaume-Uni n’ont plus le droit de faire des affaires avec le continent, le Trésor britannique pourrait perdre entre 3,5 et 5,5 milliards d’euros chaque année, selon l’économiste David Miles, qui s’est exprimé à ce sujet devant la Chambre des communes plus tôt dans l’année.
Accélérer la cadence
Les dommages économiques considérables induits par l’absence d’un accord et le délai difficilement tenable obligent les négociateurs à accélérer le rythme. Le fait que les parties se réunissent de nouveau physiquement plutôt que devant des écrans est donc réellement avantageux. Tous les ingrédients sont désormais réunis pour trouver une issue beaucoup plus rapidement que l’actuel timing escompté par le marché des devises. Même s’il existe un risque que les discussions déraillent, Boris Johnson et son homologue allemande Angela Merkel ont assurément plus d’un tour dans leur sac pour éviter un Brexit turbulent.
Joost Derks est spécialiste des devises chez iBanFirst. Il a plus de vingt ans d’expérience dans ce domaine. Cet article reflète son opinion personnelle et ne constitue en aucun cas un conseil professionnel (en matière d’investissement).
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