Brexit : Johnson prend les commandes

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Lorsque, fin janvier, le Royaume-Uni est sorti de l’Union européenne, les deux parties s’étaient accordées pour parvenir à un accord commercial d’ici à la fin de cette année. Malheureusement, les négociations sont au point mort. Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, mènera des discussions avec des dirigeants européens la semaine prochaine. Le très redouté Brexit sans accord peut-il encore être évité ?

Les cours boursiers jouent au yoyo alors que de nombreux pays peinent à endiguer la pandémie de coronavirus. Les actualités se succèdent à un rythme si effréné que l’on en oublierait presque que l’heure tourne également pour la finalisation du Brexit. Néanmoins, la vidéoconférence prévue la semaine prochaine entre Boris Johnson et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, remet le Brexit au centre de l’attention.

Le 23 juin, cela fera déjà quatre ans depuis le vote britannique, qui s’est soldé par une étroite victoire des électeurs en faveur d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Si cette sortie est désormais effective sur le papier, le Royaume-Uni est toujours soumis aux règles en vigueur au sein de l’UE et doit continuer de contribuer au budget commun jusqu’à fin décembre. La forme que prendront les relations l’année prochaine dépendra entièrement de la capacité des deux parties à trouver un accord commercial. Et la situation n’a pas l’air brillante.

Des avantages déloyaux

Les négociations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne s’enlisent, notamment à cause de la pandémie de coronavirus. L’épidémie a engendré un retard dans le début des discussions prévues en mars, tandis que le biais des vidéoconférences ne favorise pas non plus la rapidité des négociations.

Enfin, la gestion des conséquences de la crise du coronavirus par les gouvernements est également devenue un point de discussion important. Si le gouvernement britannique met tout en œuvre pour limiter les revers économiques, l’UE souhaite aussi parvenir à des accords raisonnables en termes d’aides publiques, afin d’éviter que les entreprises britanniques ne bénéficient d'un avantage concurrentiel vis-à-vis des sociétés européennes.

Des négociations au point mort

Avec la pandémie de coronavirus, l’exigence européenne d’un marché équitable prend une dimension encore plus importante. Qui plus est, les parties sont également bien loin d’avoir trouvé des accords sur d’autres points importants, tels que l’accès des pêcheurs européens aux eaux territoriales britanniques. Le négociateur David Frost souligne qu’un accord au sujet de la pêche ne peut pas être échangé contre d’autres choses, comme un accès aux marchés financiers.

Et le débat est au point mort dans bien d’autres domaines. Si la bonne nouvelle est qu’il existe une solution simple du fait que le Premier ministre Boris Johnson dispose d’une option lui permettant unilatéralement de reporter de deux ans le délai du 31 décembre 2020, la mauvaise nouvelle est qu’il ne compte pas y recourir.

Scénario catastrophe

En effet, ayant remporté les élections de l’an dernier en promettant de mener à bien le Brexit en 2020, Johnson perdrait la face s’il faisait machine arrière. Par ailleurs, les dirigeants européens étant pour l’heure occupés à endiguer la pandémie, les négociations concernant le Brexit sont passées au second plan.

En résumé, la discussion entre Boris Johnson et Ursula von der Leyen risque d’engendrer peu de solutions et de surtout porter l’attention sur les conséquences catastrophiques d’un éventuel Brexit sans accord à la fin de l’année. Dans cette hypothèse, la livre, qui a déjà quelque peu baissé depuis début 2020 avec la crise du coronavirus, risque de connaître un été mouvementé.

 

Joost Derks est spécialiste des devises chez iBanFirst. Il a plus de vingt ans d’expérience dans ce domaine. Cet article reflète son opinion personnelle et ne constitue en aucun cas un conseil professionnel (en matière d’investissement).

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