Série noire pour l'euro

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Série noire pour l’euro qui a perdu du terrain face à ses principales contreparties la semaine dernière, à l’exception notable de la livre sterling. La baisse de la monnaie unique reflète un retour de l’aversion au risque sur le marché des changes en lien avec la crise sanitaire, les tensions géopolitiques et la dégradation économique.

La résurgence du virus en Chine et son expansion à un rythme soutenu au niveau mondial font craindre l’émergence d’une nouvelle vague de la pandémie alors que beaucoup d’économies, particulièrement en Europe, ouvrent leurs frontières. Grâce à des mesures importantes, incluant la fermeture des crèches et des écoles, et la limitation drastique des déplacements, Pékin a réussi à contrôler en l’espace de quelques jours ce nouveau foyer de la pandémie. En réaction, certains pays décident de ralentir le processus de déconfinement, c’est le cas en Israël et en Allemagne notamment. De l’autre côté du Rhin, les grands évènements vont être interdits jusqu’à fin octobre. Le facteur épidémiologique, même s’il ne devrait pas provoquer des perturbations massives sur le marché des devises, reste une donnée à prendre en compte et qui peut avantager les valeurs refuges.

Ajoutons à cela la très nette dégradation économique et la confirmation que l’économie mondiale ne va pas redémarrer de sitôt. L’Asie reste notre baromètre favori pour surveiller en temps réel l’évolution de la conjoncture étant donné le poids de la Chine dans le PIB mondial. Les statistiques asiatiques publiées ces derniers jours ne sont pas bonnes et n’augurent pas de reprise prochaine du commerce mondial. On semble même plutôt s’orienter vers une reprise en L du commerce international. En juin, l’indice Tankan des conditions d’activité du secteur manufacturier japonais, qui est fortement exposé aux marchés extérieurs, a poursuivi sa dégradation. Les données de la balance commerciale pour le mois de mai confirment aussi un contexte économique morose. Au Japon, les exportations ont chuté de 28,3% et les importations de 26,2% sur un an tandis qu’en Corée du Sud, qui est le baromètre traditionnel du commerce mondial, les chiffres sont tout aussi mauvais. Les importations se sont effondrées de 21% et les exportations ont connu une dégringolade de 23,6%. Cela reflète évidemment l’impact immédiat du coronavirus et la fermeture de nombreuses économies le mois dernier, mais aussi un effet de base négatif puisque le ralentissement du commerce mondial avait déjà commencé avant l’éclatement de la pandémie.

Le dernier facteur à avoir pesé négativement sur l’appétit au risque est l’éclatement de tensions un peu partout en Asie au cours de la semaine écoulée entre les deux Corées, l’Inde et la Chine et enfin la Chine et les États-Unis. On sait qu’habituellement la période estivale est propice à une augmentation du risque géopolitique. Ce sera donc un facteur à surveiller de très près dans les semaines à venir dans le contexte de baisse des volumes échangés qu’on connait en juillet et en août.

Enfin, du côté des banques centrales, nous avions deux réunions de premier ordre cette semaine : celle de la Banque Nationale Suisse (BNS) et celle de la Banque d’Angleterre (BoE). La BNS a de nouveau estimé que le taux de change de l’EUR/CHF est trop bas induisant clairement que de nouvelles interventions sur les changes sont à venir. Il nous parait évident que la détermination à défendre le taux plancher à 1,05 est intacte. Nous devrions avoir un cross (paire de devises) qui continue d’évoluer à moyen terme entre la borne des 1,05-07 qui est la zone de confort de la BNS.

La Banque d’Angleterre a également réaffirmé son engagement à soutenir l’économie avec une augmentation du programme de rachats d’actifs (QE) de 100 milliards à 745 milliards de livres sterling (GBP). Si les rachats d’actifs restent à un rythme constant, l’enveloppe actuelle devrait être épuisée d’ici 8 à 12 semaines, ce qui implique que la banque centrale annonce une nouvelle hausse du QE au plus tard en septembre prochain.

Calendrier économique : 
DATE DEVISE ÉVÉNEMENT
 23 juin EUR

PMI manufacturier allemand pour le mois de juin

 24 juin EUR

Indice IFO du climat des affaires en juin pour l’Allemagne

25 juin USD

Commandes de biens durables aux États-Unis en mai

 

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