Notre guide pour la réunion de la Banque d’Angleterre du 3 février 2022

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Pourquoi est-ce important ?

Traditionnellement, la politique monétaire de la Banque d’Angleterre (Bank of England ou BoE, en anglais) suit de près la politique monétaire de la Réserve Fédérale américaine. Cette fois-ci, c’est différent. Elle la devance. La BoE a été la première banque centrale d’un pays du G7 à relever ses taux en décembre dernier, les faisant passer de 0,10 % à 0,25 % afin de combattre les pressions inflationnistes qui ne cessent de croître (inflation à 5,4 % sur un an en décembre – soit un point haut de trente ans). La décision d’augmenter le loyer de l’argent a été prise à l’unanimité des membres du Comité de Politique Monétaire (Monetary Policy Committee ou MPC en anglais). Dans la foulée, la banque centrale a ouvert la porte à de nouvelles hausses de taux, dès le mois de février 2022. Il est probable que la décision d’augmenter les taux ce mois-ci soit de nouveau prise à l’unanimité ou presque. Silvana Tenreyro, qui est considérée comme le membre le plus dovish (en faveur d’un soutien monétaire prolongé) pourrait être la seule à décider de voter en faveur d’un statu quo monétaire. Cela n’aura aucun impact. Les sept autres membres du MPC considèrent qu’il y a un risque réel que l’inflation soit structurelle (en particulier à cause de la boucle prix-salaire en place outre-Manche). Elle pourrait atteindre un pic à 6 % cette année. Ils sont donc favorables à un cycle rapide de normalisation de la politique monétaire.

À quoi faut-il s’attendre ?

Nous nous attendons à au moins trois hausses de taux de 25 points de base chacune d’ici la fin de l’été. La première hausse interviendra ce jeudi et les deux autres en mai et en août prochains. Étant donné le ralentissement économique à venir, il est probable que le MPC de la Banque d’Angleterre va faire son maximum pour éviter que le taux directeur principal dépasse 1 %. Cela dépendra évidemment de la trajectoire de l’inflation. La discussion portant sur la réduction du bilan (qui constitue un autre outil pour normaliser la politique monétaire) ne devrait pas survenir dans l’immédiat, selon nous. La BoE pourrait attendre la deuxième partie de l’année pour l’aborder en détail.

Quel impact sur la paire EUR/GBP ?

Depuis un mois, la paire évolue latéralement dans une borne étroite comprise entre 0,83 et 0,84. Le marché a déjà intégré dans les prix la perspective d’une hausse des taux dès ce jeudi. Il est probable que la BoE adopte un ton hawkish – c’est-à-dire clairement en faveur d’une normalisation rapide de la politique monétaire. Plusieurs membres du MPC sont en faveur de cette option, en particulier Dave Ramsden et Michael Saunders. Cela devrait accentuer la dépréciation de l’euro face à la livre sterling. À court terme, notre objectif est une cassure du fort support situé à 0,8275. À moyen terme, nous visons une baisse de la paire autour des 0,8200. Le différentiel de politique monétaire entre les deux bords de la Manche (BoE très hawkish alors que la Banque Centrale Européenne reste comparativement très accommodante) va être un facteur de soutien majeur à la livre sterling dans les mois à venir.


Faut-il s’inquiéter du risque politique au Royaume-Uni ?

Le Premier ministre britannique Boris Johnson fait face à une fronde au sein de son propre camp, le Parti Conservateur, concernant ses faux pas pendant la pandémie (ex : fête d’anniversaire à la résidence du Premier ministre en plein confinement alors que les règles sanitaires interdisaient un tel rassemblement). Pour l’instant, Johnson résiste. Nous estimons à moins de 20 % la probabilité d’un vote de défiance à l’encontre du Premier ministre aboutissant à des élections législatives anticipées. Cela entraînerait évidemment des conséquences importantes sur le taux de change de la livre sterling et aussi sur le marché obligataire (avec un désengagement des investisseurs étrangers qui se mettraient à vendre les obligations souveraines britannique). Notre scénario central est que le Premier ministre reste en place, quoique affaibli politiquement et certainement plus dépendant du chancelier de l’Echiquier, l’équivalent du ministre des Finances, Rishi Sunak (qui bénéficie d’un soutien important au sein du Parti Conservateur). C’est également le scénario du marché puisque la crise politique britannique n’a quasiment eu aucune conséquence notable sur la monnaie britannique ces dernières semaines. En revanche, il sera intéressant de suivre de près le résultat des élections locales prévues le 5 mai prochain au Royaume-Uni. Les frasques du Premier ministre pourraient nuire au score de son parti.


On résume :
  • Le cycle de durcissement monétaire de la Banque d’Angleterre ne fait que commencer. Le taux directeur se situe actuellement à 0,25 %. Nous estimons qu’il atteindra 1 % en août prochain. La politique monétaire britannique est plus incertaine pour la période allant de septembre à décembre 2022. La poursuite du processus de hausse des taux va dépendre de la dynamique de l’inflation.
  • Nous estimons que la livre sterling va surperformer l’euro cette année, comme c’était le cas d’ailleurs en 2021. La monnaie britannique affiche une hausse de 6 % sur un an. Elle ne fait que commencer. Le Brexit est du passé. Le différentiel de politique monétaire entre la BoE et la BCE va être le principal facteur de soutien à la livre sterling cette année. Notre objectif pour la paire EUR/GBP à court terme se situe à 0,8275 avant une baisse autour des 0,8200 par la suite.

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