Les cinq facteurs qui peuvent faire dérailler l’euro

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La hausse généralisée de l’euro face à ses principales contreparties la semaine dernière ne doit pas induire en erreur. La monnaie unique est vouée à baisser davantage dans les mois à venir, particulièrement face aux valeurs refuges (USD, JPY, et dans une moindre mesure face au CHF du fait des interventions répétées de la Banque nationale suisse). Voici les cinq facteurs qui risquent de pénaliser l’euro à court et à moyen terme :

L’incapacité des Européens à s’entendre 

L’euro a bénéficié d’un soutien bienvenu la semaine passée avec la présentation de la proposition franco-allemande pour une relance européenne coordonnée. L’objectif est que la Commission européenne lève sur les marchés financiers 500 milliards d’euros qui seront ensuite dépensés au profit des États membres de la zone euro les plus impactés par le coronavirus. L’ingéniosité de ce système repose sur le fait que l’endettement supplémentaire lié au coronavirus ne va pas être intégré dans la comptabilité nationale (et alourdir le ratio dette/PIB de nombreux pays). Cependant, cette ambitieuse proposition devra encore obtenir l’assentiment du « club des radins » (Pays-Bas, Danemark, Suède et Autriche). Tout porte à croire qu’elle sera torpillée et n’aboutira pas. Autrement dit, la perspective d’une vraie relance coordonnée en Europe s’éloigne, ce qui veut dire que la reprise sur le Vieux Continent a de fortes chances d’être plus graduelle qu’aux États-Unis.

L’accroissement de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine

L’escalade verbale entre Pékin et Washington est un sérieux facteur d’aversion au risque sur le marché des changes qui pourrait notamment favoriser le yen japonais (JPY) – qui sert de baromètre pour juger de  l’état des négociations entre les deux superpuissances. En l’espace d’une semaine, l’administration Trump et le Congrès américain ont de nouveau critiqué la gestion de la crise du coronavirus par la Chine, appelant à l’ouverture d’une enquête internationale sur la crise, ont menacé les entreprises chinoises de ne plus pouvoir être cotées sur la bourse américaine et ont souligné le non-respect par Pékin des engagements d’achats de produits américains en lien avec l’accord commercial de janvier dernier. Le président Trump, qui se présente pour un nouveau mandat, a bien compris que l’une des clés de la présidentielle américaine est l’envolée du sentiment anti-chinois dans une grande partie de la population. Il faut donc s’attendre à ce que l’été nous rappelle les pires épisodes de la guerre commerciale de 2018-19.

 Le risque de seconde vague du coronavirus 

Le déconfinement n’est pas synonyme de fin de la pandémie. Les exemples de Singapour, de la Corée du Sud ou encore de la Chine, où une nouvelle zone de confinement regroupant plus de 100 millions de personnes a été mise en place, indiquent clairement qu’une seconde vague du coronavirus est probable. Tous les pays ne réagiraient certainement pas de la même manière – la France est prête à de nouveau confiner une partie de sa population tandis que cette option est rejetée par le président américain Donald Trump – mais ce qui est sûr c’est que la réaction du marché des changes serait sans équivoque. Cela accentuerait les flux vers les devises valeurs refuges, comme le dollar américain (USD) et le yen japonais (JPY), au détriment de l’euro.

Le risque oublié d’un hard Brexit

Sur le marché des changes, le risque qui est toujours le plus susceptible de provoquer de forts mouvements sur les parités est celui qui est négligé par les opérateurs de marché. Un des risques majeurs qui est oublié est celui d’un hard Brexit. Les tensions entre Bruxelles et Londres sont montées d’un cran la semaine dernière alors que l’échéance de fin juin – date limite pour que le Royaume-Uni demande une prolongation de la période de transition – approche. Le négociateur en chef de l’UE a adressé une lettre ferme à son homologue britannique critiquant le déroulé des négociations. Le scénario d’une sortie fin 2020 de l’UE sans qu’un accord ne soit finalisé est élevé au regard de l’acrimonie ambiante. Si c’était le cas, ce serait une situation perdant-perdant pour les deux parties.

L’analyse technique plaide en faveur d’une baisse

Au cours des dernières semaines, la paire EUR/USD a été incapable de franchir le seuil psychologique des 1,10 – qui sert de résistance majeure depuis avril. Les signaux techniques, comme les moyennes mobiles, sont baissiers et indiquent un retour vers le bas du canal dans lequel l’EUR/USD évolue depuis le début de la crise du coronavirus. Notre objectif final à 1,06 est toujours d’actualité.

Calendrier économique :
DATE DEVISE ÉVÉNEMENT
25 mai EUR

PIB Indice du climat des affaires IFO en Allemagne

27 mai EUR

La Commission européenne doit présenter les détails techniques de son plan de relance coordonné au niveau européen (incluant l’instrument financier qui sera privilégié)

28 mai USD

Commandes de biens durables

29 mai USD Indice de confiance du consommateur de l’Université du Michigan

 

 

 

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